Se faire passer pour une auteure peut-il faire vendre plus ?

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L’auteur américain qui publiait sous le pseudonyme de Riley Sager vient d’être démasqué. Mais il ne serait pas le seul à cultiver l’ambiguité sur son genre.

L’auteur aura profité de l’ambiguïté jusqu’aux révélations en juillet dernier du Wall Street Journal. Riley Sager, connu pour son premier thriller « Final Girls » qui vient de paraître dans vingt-deux pays, se nomme en réalité Todd Ritter.

Sur le site de son éditeur, toutes les informations à son propos sont non genrées. Aucune photo de l’auteur ni pronom qui aurait pu révéler sa véritable identité. Mais il n’est pas le seul à user d’un nom de plume mixte. J.P. Delaney, auteur de « La Fille d’avant », est en réalité Tony Strong. Derrière SK Tremayne, qui a publié « Le Doute » en mars 2017, se cache un certain Sean Thomas. Des dizaines d’autres auraient déjà utilisé ce stratagème pour vendre plus.

« A chaque fois que je faisais une apparition en public, quelqu’un me demandait pourquoi j’utilisais des initiales, raconte un de ces auteurs fantômes, S.J. Watson. C’était la décision de mon éditeur de ne pas afficher de photo et d’effacer les marques de genre de ma biographie. »

D’autres ont utilisé un nom d’auteur féminin pour échapper à une réputation figée et changer de sujet : L. Frank Baum, l’auteur de « Le merveilleux pays d’Oz » (2013) a utilisé un pseudonyme comme J.K. Rowling est devenu Robert Galbraith pour échapper à Harry Potter. Mais alors si les auteurs commencent à se déguiser, pourquoi ne changeraient-ils pas de religion ou d’origine pour plaire à une catégorie de lecteurs ? La frontière entre l’arrangement sans conséquence et le mensonge devient de plus en plus floue, au risque de rompre ce que les théoriciens littéraires nomment le pacte de lecture : l’engagement à dire la vérité pour bénéficier en retour du principe de charité intellectuelle envers l’auteur.

Source : The Guardian

11 réflexions au sujet de « Se faire passer pour une auteure peut-il faire vendre plus ? »

  1. article intéressant ; le phénomène n’est pas récent, on pourrait citer George Sand, Collette (qui écrivit un temps sous le nom de Willy, nom de plume de son époux… qui signait d’ailleurs d’un pseudo), les hétéronymes de Pessoa, etc…
    Mais c’est surtout que je ne suis pas convaincu par le « pacte de lecture » des théoriciens : écrire de la fiction n’a rien à voir avec « dire la vérité » : il s’agit de raconter une histoire, si possible la meilleure possible, et puis voilà. (oh, on me chuchote qu’il paraitrait que Poudlard n’existe pas vraiment ! non, je ne peux pas le croire ! madame Rowling aurait trahi ma confiance ? vite, un procès 🙂 )

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    1. C’est tout à fait vrai néanmoins Colette a été obligée, elle, d’ écrire sous le nom de plume de son époux! De plus le pacte de lecture concerne justement la fiction qui ,elle ,est l’objet même du pacte entre l’auteur et son lecteur et reçue comme telle sans aucune exigence de vérité. L’article interroge plutôt la stratégie mercantile à vouloir travestir pour mieux vendre…

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      1. Travestir pour mieux vendre, c’est toute la question (ou plutôt, à partir de quel moment travestir pour séduire passe-t-il la ligne de la correction…) ; il existe un livre grinçant sur ce thème, le Contrat ; son auteur, Donald Westlake, a par ailleurs multiplié les pseudos 🙂

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  2. Intéressant, pourtant la polyvalence pourrait être un gage de valeur tout comme les bons comédiens sont capables de changer de style de rôles… de passer du rire aux larmes… mais l’argent ! Faut croire que ca marche… En même temps ils ne peuvent pas le savoir puisqu’ils ont changé de nom !

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  3. Interesting subject.

    As a fan of film history, ‘pen’ names were the rule rather than the exception for actors and actresses in Hollywood’s Golden Age. I haven’t tried to research the comparison, but my guess is that the use of such names has been less true — perhaps MUCH less true — of authors over the years.

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  4. Je trouve intéressant que des écrivains hommes se fassent passer pour des femmes pour vendre plus, comme s’il existait un préjugé favorable pour les femmes (ce dont je n’ai pas l’impression).
    Il me semble même que, pendant très longtemps, il valait mieux passer pour un homme quand on voulait écrire et être pris au sérieux artistiquement.

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