Je n’appartiens pas à ce monde (5)…ou la pelle et la balayette…

SET_24752__C’est l’histoire d’un collègue de lettres qui avait depuis des années un pelle et une balayette dans sa salle de classe pour nettoyer de ses bons soins ce que lui aurait échappé des salissures après une heure de cours…

Or, ce même collègue un jour perdit ce précieux duo. Il en fit donc part à la gestionnaire de son établissement afin qu’elle l’approvisionne à nouveau .

Ne voyant rien venir, il s’enquit , au détour de l’achat de tickets de cantine, de la suite espérée donnée à sa demande…

Mal lui en prit:

-« Ah mais non , cela ne va pas être possible! »

-« Ah bon mais pourquoi? cela ne coûte rien du tout! »

-« Mais ce n’est pas la question! c’est une question de droit!!! »

-…………………………………………..?

-« Qui utilise la pelle et la balayette? »

-« ben c’est moi… »

-« Pouvez-vous me le certifier par écrit? Vous utilisez la pelle et la balayette et jamais vous ne faites exécuter la tâche par un élève, écrivez! »

Yeux de mon collègue sortis de leurs orbites, prenant congé….

ça pourrait être une histoire drôle…mais elle ne l’est pas.Elle est terrible.

À défaut d’une ligne directrice solide, les mesures abracadabrantes qui enlèvent à l’élève toute responsabilité de ses actes est alarmante.Et pour avoir été tutrice d’une jeune stagiaire l’année dernière (et mère d’une fille subissant l’ESPE qui est un laboratoire de soumission à la fonction) j’en vois les conséquences. Lors de sa visite par une formatrice pressée l’année dernière ma stagiaire avait eu le malheur de dire à un élève, pourtant du ton le plus tendre qui soit, « Louis arrête de rêvasser, tu vas encore te plaindre après que tu n’as pas le temps de finir »…Pendant 30 minutes après la visite , elle a subi un discours pontifiant, humiliant, bobo et sûr de sa bonne droiture sur la stigmatisation de l’élève dans ses failles…Le cours par ailleurs était très bon, l’empathie élèves-professeur aussi.

Et moi qui  me sens tellement faite pour ce métier, qui casse les élèves gentiment au point qu’ils m’ont demandé d’animer un club « réparties » ce jeudi, et qui leur donne aussi  ce que je suis et pas seulement ce que j’enseigne…Je dis que ce monde marche sur la tête.Et que les enfants ont davantage besoin de personnalités que de fonctions devant eux…

Je n’appartiens pas à ce monde.

26 réflexions au sujet de « Je n’appartiens pas à ce monde (5)…ou la pelle et la balayette… »

  1. Un jour de Marthe, de ceux-là qui m’ont fait alors que dès le départ je ne fus pour ici, j’ai lâché la bride du troupeau….te retrouvant le jour dit au bon endroit, ma Barbara.

    LA POESIE CONTRE LE MAUVAIS SANG

    La ville est l’allume-feu de notre « mauvais sang »
    Vois-tu en son miroir monter nos grands vertiges ?
    Or – partout on entend mille et mille accents …
    Prends-tu le temps – sans que ta voix ne fige
    En de pauvres soupirs tes battements de cœur –
    D’esquisser un sourire aux belles étrangères ?
    Ah ! Vraiment : abolir nos si tristes rancœurs
    Sans jamais se salir : notre vraie messagère
    Étant la poésie qui – seule – magnifie
    Ta pure fantaisie quand elle nous questionne
    Et fait vivre en tous sens tout humain qui se fie
    A la pure présence où toujours il s’étonne !

    Création-résistance à la dure oppression
    Et la belle confiance en ceux dont on abîme
    La grande liberté de vivre leurs passions …
    O Ces mains – Lâcheté ! N’étreignent qui s’arrime
    A l’art de maints et maints pour beauté reconstruire
    Avec toute justice étant dans leurs chemins
    Qui font entrer en lice espoir en devenir
    Pour toute différence entre les humains …
    Ainsi la renaissance est dans ce qui raisonne
    Au travers de l’essence – érigée en action –
    De sève dégagée qui dans l’arbre résonne
    Du savoir engagé dans nos circulations

    Sachant lâcher du lest pour ce qui est malheur
    Oui ! De la grande peste avant qu’elle nous entraîne
    Entièrement au poids de si tristes douleurs
    Cassons donc les les lois sans obéir aux chaînes !
    Qui nous traîne à mourir à p’tit feu d’esclave
    Si ce n’est un vampire en notre propre chair !
    Et si nous acceptons l’idole qui l’entrave
    Tous nos si riches dons seront pris aux enchères
    Car l’idole est partout lourde de sa fortune
    Elle est ce vil atout à tricher contre hasard
    Et refuse tout choix de rêver à nos lunes
    Pour tout ce qui échoit dans son monde bizarre

    Il nous faut cultiver la grande poésie
    Pour nous sentir sauvés de la prison mentale
    Où nous respirons l’air qui nous a tout saisi
    Y compris la lumière – elle qui rend égal
    Malgré pauvres salaires et pauvre condition
    Refusons cet enfer qui enfle nos vertiges
    Et reprenons la ville avec nos possessions
    Empêchons le « devil » d’en faire des vestiges
    A l’heure où les finances s’arrogent tous les droits
    Oui ! Prenons notre chance de sortir de l’abîme
    Sinon – pauvre « destin » ! – nous serons à l’étroit
    Sans même avoir atteint le pourquoi de la trime !

    Alors donnons la coupe à tout pauvre étranger
    Et ne battons plus coulpe à cause de misère !
    Vraiment … Notre pays … Qui l’a dérangé ?
    Oui ! Qui donc l’a trahi fabrique un grand désert !
    Élargissons nos vues et grandissons notre art
    Sinon notre bévue sera notre division
    A vouloir à tout prix prendre la grande part
    Avec force grands cris pour la distribution
    Du festin capital – ce qui est révolu –
    Tellement il s’étale sans même aucun scrupule
    Dans tout le vaste monde – ayant tout résolu
    Dans ses rapides rondes – dans un grand crépuscule

    C’est l’unique horizon à nos tristes attentes
    D’entendre les raisons des fondés de pouvoir
    Qui ont tous décidé d’offrir des dividendes
    Qui – vraies – n’ont déridé que le grave vouloir
    D’industries au commerce grandement alléchant
    Tandis que les promesses s’évanouissent en nature
    Et … quelques bénéfices pour tous ceux sachant
    Comment entrer en lice avec littérature
    Aux pauvres volontaires devenus les esclaves
    Avec genoux à terre – au mépris des sans-droits
    Afin d’avoir leur part si minime qui les lave
    En tout ridicule art à nous mettre sur croix

    Mais qui fait la leçon sans même un scrupule
    O S’ils avaient raison de happer quelques miettes !!
    Or ce n’est de saison dans ce grand crépuscule
    Ils perdent leurs raisons en perdant leurs assiettes
    Entre temps ils besognent avec pauvre étranger
    Puis cognent sans vergogne et – sa vraie part de droit –
    Nos « purs » représentants l’ont faite rencager
    Tout en les encartant : ses espoirs si sacrés
    Pour aller tous les vendre – eux qui étaient des proies –
    Toutes bonnes à prendre avec pouvoir secret

    Amis ne trempez pas dans cette si sale soupe
    Et avancez vos pas tout en gardant distance
    Afin que plus jamais toutes ces entourloupes
    En viennent vous tramer en ville la pestilence
    Aux cœurs de vos desseins pour commencer vos œuvres
    A l’écart du festin construisez patiemment
    Pour ici au pays – un chemin de manœuvre –
    Étant dans la saillie d’un réveil – ardemment –
    Gardez cette confiance pour l’humain véritable
    Qui guette avec patience hors des mains hypocrites
    Tout moment de lever hors des communes tables
    Son histoire lavée de toute page écrite

    Minod Alain

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      1. Les jours de Marthe sont des exceptions calendaires tu sais Julie, ils commencent toujours par une grosse part de flan dont la pâte chaude embaume, on la prend chez le boulanger-pâtissier à l’angle d la rue du Bac et de de Verneuil, puis on va traverser la Seine, jusqu’au Louvre pour sortir par les guichets rue de Rivoli et on va aux Halles….le ventre de Paris ça te parle Julie ? Bonjour et merci à toi.

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  2. Tout à fait d’accord. J’ai été enseignante et ai des amis enseignants l’état des lieux est alarmant. Vous avez raison on a plus besoin de personnes que de fonctions. Heureusement certaines et certains enseignants continueront de marquer ce lien de personne à personne qui transmet un essentiel humain au-delà même des matières.

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    1. Pas pour longtemps , Barbara…
      Dès l’année prochaine, vous allez prendre votre propre rythmes et INVENTER votre relation à l’élève, celle qu’on trouve seul, et pas une série de conseils plus ou moins fiables…
      Bonne journée, Barbara.

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      1. Je pense que je n’aurais aucun problème à le faire. J’ai bien commandé des choses peu en rapport avec mon métier.
        Ceci dit, à quelques mois de la retraite, je me sens culturellement décalé par rapport à la société qui m’emploie. Je ne la comprends plus. Place aux jeunes !
        Un tout doux mardi à toi, Barbara.

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  3. Dictature du principe de précaution et celle de la responsabilisation à outrance ! À vouloir chercher des coupables partout, on produit des personnes qui ne bougent plus de peur d’être accusée de respirer ! Mais, la respiration , c’est vitale !

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    1. Tout à fait! une génération élevée à la culpabilité dans un sentiment paradoxal de toute-puissance…
      les jeunes collègues que je vois arriver sont …Tendus.Et pas très épanouis en classe du coup!

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  4. Après un an, ou 20, ou 30, c’est de la richesse de la relation, de la qualité humaine et de l’audace que nos anciens élèves nous remercient. C’est des profs debout qu’ils se souviennent, pas des moutons. Merci de rappeler que notre métier est toujours beaucoup plus et beaucoup mieux qu’il n’y paraît …

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  5. Quand on dit qu’il y a du ménage, en effet, il y en a mais pas avec une balayette. J’écoutais Blanquer à la radio l’autre jour avec cette impression persistante de deux mondes qui ne se parlent plus depuis des lustres.

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  6. Ça ne m’étonnerait pas si cela se passait aux USA (où je vis), mais en France aussi maintenant ? La connerie et la médiocrité ont gagné et gagnent de plus en plus ! Ici aux USA, un élève fait une bêtise, on vire le prof (si le prof dit quelque chose pour empêcher par exemple l’élève de démolir la salle de classe, le prof est viré, s’il ne dit rien il est viré aussi. Et on vérifie bien que le pauvre élève n’a pas été traumatisé dans un cas comme dans l’autre. ) Sans parler des « mauvaises notes » qui sont interdites sinon le prof est viré : si un élève a une mauvaise note parce qu’il n’a pas travaillé ni étudié par exemple c’est que le prof est mauvais bien sûr. En clair les profs ne mettent rien en dessous de B et encore un B il faut souvent le justifier auprès de l’administration et des parents… S’il faut le prof donne les réponses des interrogations écrites et des contrôles pendant les interros et les contrôles si des élèves ont faux ou ont du mal. C’est du vécu.
    Moi j’ai arrêté après 10 ans, j’ai arrêté de travailler à l’école. De temps en temps on m’appelle pour que j’y retourne, mais c’est non. Terminé parce que ça empire de jour en jour.
    Résultat le diplôme de fin de secondaire ne suffit pas pour entrer en université, il y a des tests de folie un peu dans le genre des QCM à la fin de la première année de médecine de mon temps (années 80) qui servait à éliminer les étudiants en trop grand nombre. Et les deux premières années d’université sont des années de remises à niveau avant d’aller enfin dans la spécialité ou le sujet que l’on veut étudier (genre on refait de la littérature anglaise, des maths de la chimie ( tout ça du niveau bac français à peu près) quel que soit la spécialité (sciences, lettres musique médecine etc. Donc au bout de 4 ans un Bachelor équivaut à peu près à un DEUG (bac+2) il n’y a que le Master qui rejoint enfin la maitrise.
    Mon bac français vaut déjà un bac + 1 aux USA ! et encore c’était en 2006 quand j’ai fait faire la conversion de mes diplômes par un organisme officiel.
    Lamentable !

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