Vers Minuit:
Des portes s’ouvrent des fenêtres se dévoilent
Un feu silencieux s’allume et m’éblouit
Tout se décide je rencontre
Des créatures que je n’ai pas voulues
Voici l’idiot qui recevait des lettres de l’étranger
Voici l’anneau précieux qu’il croyait en argent
Voici la femme bavarde aux cheveux blancs
Voici la fille immatérielle
Incomplète et laide baignée de nuit et de misère
Fardée de mauves et de pervenches absurdes
Sa nudité sa chasteté sensibles de partout
Voici la mer et des bateaux sur des tables de jeu
Un homme libre un autre homme libre et c’est le
même
Des animaux enragés devant la peur masquée de
boue
Des morts des prisonniers des fous tous les absents
Mais toi pourquoi n’es-tu pas là pour m’éveiller.
Les élèves:
Voici la femme bavarde aux cheveux blancs
Plantée sauvage au milieu des champs
Deux pics de bois, un peu de paille
Ses vieilles casseroles secouées par le vent
Chantent toutes les batailles que les femmes
remettent dans les mains du printemps.
Héloïse, 3ème
Les nuits orageuses
je perds la raison
que j’accroche au toit de ma maison.
Me voici la femme bavarde aux cheveux blancs
à la fois voix et fantôme se promenant
Dans de longs couloirs à la face cireuse.
Clara, 5ème.
Hymne à la neige:
De ce tourbillon enchanté
tu ressors étonné.
De toi, j’imagine ce que je n’ai pu admirer.
Que ces délicieux flocons que je n’ai vu danser
que derrière la porte de mes pensées se présentent
silhouette au seuil de mon printemps:
Voici la femme bavarde aux cheveux blancs.
Kimi, 3ème.
Un hiver sans fin
Des flocons restreints
Une sombre nuit d’hiver
Le cri d’un oiseau
Un homme immortel
J’écoute les yeux fermés
Un croissant de lune
et voici la femme bavarde aux cheveux blancs
qui se lève, grave, et quitte son banc.
Clara Fauvel, 5ème
Ronde dans la nuit
elle guide mes pas
ordonne mes pensées
et me chuchote sans bruit
qu’il faut tout lâcher.
Je n’ai qu’elle à qui parler.
Elle me parle doucement.
Je passe mes nuits avec elle sur un banc
Voici la femme bavarde aux cheveux blancs
qui m’aime suffisamment
pour me cueillir au printemps.
Capucine, 3ème
Nuits sombres et ruelles en feu,
je me perds et je la cherche.
De la douleur je suis enchantée
Voici la femme bavarde aux cheveux blancs,
la vie n’est qu’un jeu de désespoir
Où chacun cherche son banc.
Clémence, 3ème
Elle faisait du théâtre
Sur un petit pont en plâtre.
Elle n’était pas seule; elles étaient quatre.
Tous les soirs elles s’échappaient par l’âtre.
Un jour, un homme qui passait par là
Les entendit rire et leur proposa:
« Voulez-vous faire du théâtre? »
Une seule accepta.
Depuis ce jour et après tant d’amours
dès qu’elle entre sur scène en chantant,
on entend:
-Voici la femme bavarde aux cheveux blancs!
Suzanne, 6ème.
Le vent souffle sans fin.
Au bord du ravin des larmes coulent
et des pigeons s’écroulent sur le matin
montre en main et sur leur dernier chant:
Voici la femme bavarde aux cheveux blancs.
Fanette, 6ème.
La mort, l’amour, la vie
J’ai cru pouvoir briser la profondeur l’immensité
Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho
Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges
Comme un mort raisonnable qui a su mourir
Un mort non couronné sinon de son néant
Je me suis étendu sur les vagues absurdes
Du poison absorbé par amour de la cendre
La solitude m’a semblé plus vive que le sang
Je voulais désunir la vie
Je voulais partager la mort avec la mort
Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie
Tout effacer qu’il n’y ait rien ni vire ni buée
Ni rien devant ni rien derrière rien entier
J’avais éliminé le glaçon des mains jointes
J’avais éliminé l’hivernale ossature
Du vœu de vivre qui s’annule
*
Tu es venue le feu s’est alors ranimé
L’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé
Et la terre s’est recouverte
De ta chair claire et je me suis senti léger
Tu es venue la solitude était vaincue
J’avais un guide sur la terre je savais
Me diriger je me savais démesuré
J’avançais je gagnais de l’espace et du temps
J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière
La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait à l’aurore des regards confiants
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta bouche était mouillée des premières rosées
Le repos ébloui remplaçait la fatigue
Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours.
*
Les champs sont labourés les usines rayonnent
Et le blé fait son nid dans une houle énorme
La moisson la vendange ont des témoins sans nombre
Rien n’est simple ni singulier
La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit
La forêt donne aux arbres la sécurité
Et les murs des maisons ont une peau commune
Et les routes toujours se croisent.
Les hommes sont faits pour s’entendre
Pour se comprendre pour s’aimer
Ont des enfants qui deviendront pères des hommes
Ont des enfants sans feu ni lieu
Qui réinventeront les hommes
Et la nature et leur patrie
Celle de tous les hommes
Celle de tous les temps
Le Phénix
Editions Seghers, 1951
Les élèves:
Naviguant sur le large de la page
Surfant sur la couverture
Je me suis étendue sur les vagues absurdes
des mots dénués de sens et noyée
dans l’eau trouble des phrases complexes
je me suis laissé aller sur les flots du texte.
Perdue dans la signification des vocables,
j’ai replongé dans l’essentielle fable
qui me ramène en enfance.
Capucine, 3ème.
Je me suis étendue sur les vagues absurdes
laissant ma raison divaguer et
je nageais en toute impunité
dans l’eau claire bientôt troublée
de mes pensées mêlées
à la mare épaisse de mes inquiétudes.
Héloïse, 3ème.
Sur ce gentil mot laissé par la plus jeune sur mon tableau, je vous dis à mardi prochain:
Elle a bien de la chance, cette Madame Auzou, de fréquenter tant de poètes. Elle-même, je crois, ne se prive pas de lancer au vent, comme des oiseaux, ses mots de toutes les couleurs.
D’elle dira-t-on un jour « Voici la femme bavarde aux cheveux blancs » ?
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Merci André…Je préférerais la silencieuse à la bavarde..Mais je prends les cheveux blancs.
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Brava!!! A vous et à vos étudiantes 🙂
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Merci Marcello…
Bonne soirée à vous…
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Bonne soirée, Barbara,
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Merci de votre fidélité
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Vous le méritez!
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Merci, c’est gentil.
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Ils sont très doués ! Et grâce à eux on apprend que vous aimez les myrtilles 🙂
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Je crois que c’était la rime facile…
Ceci dit, j’aime les myrtilles, les fruits rouges , groupe dans lequel entrent les bleues myrtilles!
Merci Marie-Anne, bonne soirée
merci aussi pour les poèmes de ce matin.
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Je vous en prie 🙂 Bonne soirée !
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Cela m’émeut toujours de lire les écrits des plus jeunes. Promesses d’avenir. La poésie, l’écriture ont encore de beaux jours…
C’est un beau travail de filiation, que tu offres-là, Barbara. Merci.
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Merci à toi, Laurence…
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☺
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Merci!
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Bravo ! La relève est assurée…
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Oui! merci!
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Une bonne et belle suite
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Un grand merci à vous…
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