Jusqu’au 13 janvier, institut Giacometti, Paris 14ème.
Dans la peau de l’admiratrice, la plasticienne française rend un hommage plein de justesse au peintre suisse.
C’est une maison biscornue, un peu kitsch, datant du début du XXe siècle. Malgré l’étroitesse des portes et la distribution des petites pièces assez peu propice aux déambulations — et encore moins à la foule —, c’est dans cet endroit que la Fondation Giacometti a installé son nouveau lieu d’exposition baptisé « institut ». La rénovation a conservé la décoration Art déco de l’époque, assez lourde (la cheminée, les lambris, etc.), et préservé ainsi une sorte d’intimité, comme si l’on se trouvait dans l’ancienne demeure de Giacometti, alors qu’il s’agit de la maison du décorateur Paul Follot (1877-1941). Conséquence de l’exiguïté : les billets d’entrée n’y sont pas vendus et doivent être achetés sur Internet.
Côtoyer un géant réclame de la modestie
Invitée à partager l’espace et à se confronter à l’œuvre de l’artiste suisse, la plasticienne française Annette Messager joue avec cette illusoire intimité, renforcée par l’homonymie de son prénom avec celui de l’épouse de Giacometti. Ainsi, de la masse des documents conservés par la Fondation, elle extrait un bout de papier sur lequel, le 8 juillet 1958, singeant un acte officiel, Alberto déclare son admiration (toute relative si l’on tient compte de ses réserves) pour l’intelligence d’Annette… Ou, sur un meuble, au milieu des photographies d’époque montrant Giacometti avec ses proches, elle place discrètement la sienne. C’est la partie attendrissante de l’exposition.
Plus rompue à l’installation qu’à la sculpture, Annette Messager se contente pour le reste d’un jeu formel. A l’aide de ses matériaux habituels liés à l’enfance (peluches, poupées, etc.), elle copie les sculptures de Giacometti : au célèbre Nez de 1947, elle oppose Mère et enfant (2018), composé de deux peluches, et face à Annette debout(1954), elle installe La Parade de l’écureuil pour Annette (2018), empilement d’un animal empaillé et de coussins recouvert d’un filet noir. On peut en sourire. L’artiste française s’en sort mieux avec une installation ancienne (Sans légende, 2011-2012), faite d’objets noirs amassés au sol où figurent trois reproductions de sculptures de Giacometti, et dont les ombres projetées sur le mur par des lumières tournantes rendent un hommage mélancolique à l’artiste suisse. Côtoyer un géant réclame de la modestie.
D’ordinaire, dans une exposition, les œuvres fortes tuent les plus faibles — on le constate avec Le cubisme à Beaubourg, où les Picasso, Braque et Léger anéantissent les autres. Or ce n’est le cas ni pour Messager face à Giacometti. Parce qu’en jouant le rôle à la fois pervers et touchant de la petite fille face à son papa, elle se met dans la peau de l’admiratrice.
Je suis très admirative du travail d’Anne Messager, et depuis longtemps….
Il y a quelques années, j’avais demandé à mes élèves de troisième d’amener un objet qui les représentait et nous avions monté une exposition temporaire au collège, à la manière de « Mes petites Effigies » de l’artiste.
Un article sur cette exposition éphémère ici.